La crise financière suscite de multiples réflexions. On entend dire qu’elle est systémique. Cette idée connais un succès croissant depuis février 2006 avec la publication du document « Alerte crise systémique globale » par Laboratoire Européen d’Anticipation Politique (LEAP) / Europe 2020.
LEAP identifie 7 séquences qui sont liées les unes aux autres : infection financière globale, effondrement boursier, éclatement de bulles immobilières mondiales, tempête monétaire, stagflation de l’économie globale, très grande dépression US, et bouleversement stratégique global.
LEAP explique pourquoi les experts sont incapables d’avoir une pensée globale et systémique : « La première raison qui empêche les « experts » de penser « l’impensable », ça n’est pas une question d’intelligence ; mais un problème « commercial ». En effet, cela les obligerait à revoir l’essentiel de leur « fonds de commerce » intellectuel (notamment leurs hypothèses traditionnelles de travail) et commercial (leurs « clients » n’apprécieraient pas de s’entendre dire qu’ils faisaient fausse route toutes ces dernières années). ».
Je partage ce point de vue tout en considérant qu’il est plus profond il s’agit de modèles intellectuels, de référentiels d’analyse qui soudent des communautés d’influences.
Il s’agit d’une crise systémique de court terme, dont l’une des composantes a été le découplage de l’économie spéculative de l’économie réelle. Mais si les penseurs de cette crise systémique considèrent qu’autre chose est en train d’émerger ils limitent leur analyse à la sphère économique. Les néomarxistes trouvent bien l’occasion de retrouver des couleurs en refusant la distinction entre le méchant capitalisme spéculatif et le bon capitalisme industriel.
A crise systémique il faut une politique systémique, mais les approches sont toujours sectorielles. Il y a une déconnexion complète avec la crise écologique, la gestion des ressources naturelles, les questions internationales de développement. Le développement durable est hors jeux, comme un système indépendant.
La résolution des crises doit être simultanée et coordonnée. Il s’agit à la fois de faire progresser la gouvernance mondiale c’est-à-dire les politiques coordonnées entre Etats et des institutions garantes de principes communément admis. Et d’autre part de faire progresser de nouveaux comportements de responsabilité sociétale.
L’ISO 26000 qui vient de franchir l’étape décisive du « comity draft ». Le champ de la responsabilité envisagée par ces lignes directrices couvre certes les bonnes pratiques des affaires mais aussi la gouvernance de l’organisation, les droits de l’Homme, les pratiques et les relations de travail, l’environnement, les questions relatives aux consommateurs et l’engagement sociétal et territorial. Pour toute organisation ces questions sont aussi systémique.