L’absorption de l’Université de Saint-Etienne est présentée comme une opportunité alors que c’est un élément du déclin. Maurice Vincent a tout à fait raison de s’inquiéter de la fusion de l’Université de Saint-Etienne, mais il a participé lui-même à ce mouvement. La situation de l’enseignement supérieur stéphanois ne se résume pas à l’Université et à force de jouer les tribus gauloises dans l’enseignement supérieur stéphanois l’issue de la bataille contre les légions lyonnaise est bien entendu la défaite.
Maurice Vincent maire a soutenu le passage de l’ENISE sous contrôle de Centrale Lyon alors que deux autres options s’offraient soit une option nationale avec les Arts et Métiers soit locale avec l’Ecole de Mines. Il a choisi l’option lyonnaise.
Pour l’Ecole de commerce ce n’est pas une solution stéphanoise qui a été choisie mais lyonnaise. L’EM Lyon a pu ainsi planter son drapeau à Saint-Etienne mais en rétrogradant au premier cycle.
L’absorption par l’Université de Lyon pose un problème quantitatif et qualitatif. Sur le plan quantitatif il ne permettra pas de combler le déficit actuel. Les étudiants ne représentent à Saint- Etienne que 6,6% de la population ce qui est moitié moins que des villes comparables : Clermont 13,3%, Grenoble 13,4% ou Dijon 14,1%.
Sur le plan qualitatif, ce qui se profile avec la grande Université de Lyon c’est de limiter les formations stéphanoises au seul premier cycle. Le troisième cycle de la recherche sera lyonnais.
A quoi cela sert d’être sur la feuille de match en première division et de rester sur le banc des remplaçants. Il faudrait que des postes de titulaires soient garantis à Saint-Etienne, c’est-à-dire que leadership de Saint-Etienne soit reconnus et renforcé sur Saint-Etienne sur certaines disciplines stratégiques.
L’évolution de l’enseignement supérieur n’est qu’un élément de l’ensemble. L’absorption de la Chambre de Commerce de Saint Etienne par celle de Lyon, a privé notre territoire d’une gouvernance et d’une stratégie économique spécifique. Le tissu économique industriel de Saint-Etienne devrait être accompagné dans la révolution numérique. Or c’est à Charbonnières-les-Bains à proximité de Lyon, que la région crée un Campus sur l’industrie 4.0. Qui plus est pour y participer les établissements stéphanois devront y placer des chercheurs enseignants prélevés sur leurs effectifs. Cette initiative supplante les initiatives stéphanoises dans ce domaine.
La dynamique économique des métropoles dépend du développement de ce qu’on appelle les fonctions métropolitaines : conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter-entreprises, gestion et culture-loisirs. Entre 1982 et 2015 elles n’ont cru que de 28 % à Saint-Etienne contre 42 % à Clermont, 63 % à Grenoble et 85 % à Lyon. Pour la part des cadres dans les fonctions métropolitaines avec 7,9% SÉM se retrouve à en queue de classement des métropoles françaises.
De façon croissante les responsables d’administrations et de collectivités de la métropole stéphanoises résident à Lyon.
Certes la coopération avec Lyon est une évidence, mais il n’y a que le TGV qui doive obligatoirement passer par Lyon pour aller à Paris. Un enseignement supérieur stéphanois pouvant développer des liens nationaux notamment avec Paris et nouer des partenariats internationaux mérite mieux que les miettes que concèderaient Lyon.
Merci d’éclairer ce débat par un exposé très clair de la situation et des enjeux. Même si se retrancher en mode Village Gaulois n’est plus de mise, la confidentialité qui a entouré cette démarche de « regroupement » et les bribes d’informations parues dans le Progres font effectivement redouter le pire.
Est il encore temps de sauver quelques pôles de haut niveau d’enseignement et de recherche universitaire? Je l’espère mais cela ne sera possible qu’avec une mobilisation, médiatisée, des enseignants, chercheurs et étudiants de 3ème cycle. Et un remplacement des cadres universitaires, présidente incluse, qui ont mené (subi?) les « négociations » en cours.