Les relations entre Saint-Etienne et Lyon ont toujours été difficiles. Le double mouvement de métropolisation et de régionalisation rend urgent de sortir des relations anciennes pour bâtir une stratégie gagnante/gagnante. Saint-Etienne ne peut être la banlieue dortoir de Lyon, pour des raisons à la fois économiques et sociales mais aussi environnementales : la circulation pendulaire journalière consomme de l’énergie dont le prix sera croissant à moyen terme et contribue à l’effet de serre.
La métropolisation est largement engagée. Lyon à un intérêt à consolider la population et le bassin économique stéphanois pour être une métropole visible au niveau européen. Réciproquement Saint-Etienne doit tirer parti de ses liens étroits avec la grande agglomération lyonnaise.
La régionalisation s’accélère. Sans anticiper sur une éventuelle réforme des départements, déjà l’administration d’Etat se concentre au niveau régional, les Chambres de commerce vont fusionner autour d’une chambre régionale. Dans tous les cas les fonctions stratégiques vont se concentrer sur Lyon.
Il faut que Lyon sorte de son impérialisme traditionnel à l’égard de l’agglomération stéphanoise mais il faut que Saint-Etienne sorte de son complexe tout aussi traditionnel pour revendiquer d’être leader sur quelques dossiers clés, y compris dans les dimensions internationales. Or sur la plupart des dossiers Lyon peut se prévaloir de moyens supérieurs. Pour reconnaître le leadership de Saint-Etienne sur quelques questions, les lyonnais doivent faire renoncer ceux d’entre eux qui seraient en concurrence avec les équipes stéphanoises.
La capitale européenne de la culture est une bonne illustration de ce qu’il ne faut pas faire. Il y avait un projet stéphanois qui avait des chances de pouvoir succéder au projet de Lille. Michel Thiollière avait obtenu le soutien de Colomb, mais quand l’adjoint à la culture de Lyon a monté son projet de candidature, Colomb n’a pas eu le courage de tenir son engagement. La région n’avait pas pris officiellement la décision de soutenir Lyon ou Saint-Etienne, pourtant un vice président, issu de Lyon, est venu soutenir la candidature lyonnaise auprès des autorités. Finalement Lyon a été présélectionné contre Saint-Etienne, et c’est Marseille qui a remporté la mise. Faute de cohésion c’est la métropole qui a perdu.
Que tirer de cette leçon. Il faut que les instances régionales (Conseil Régional comme Etat) soient vigilantes pour avoir une gestion équilibrée du territoire qui privilégie des axes stratégiques sur chacun des territoires. Il faut que Lyon laisse la place à Saint-Etienne sur certains thèmes. Mais il faut aussi que Saint-Etienne se concentre sur quelques axes stratégiques, et donc fasse cesser sa dispersion. Pour les deux agglomérations arrêter des stratégies c’est aussi abandonner certaines activités au profit de l’autre, ce qui nécessite du courage politique.
Dans ce contexte le PRES de l’Université de Lyon est une annexion pure et simple. Malgré la concession de la vice présidence au stéphanois Khaled Bouabdallah, cela reste une affaire lyonnaise. Il ne s’appelle même pas PRES Lyon Saint-Étienne.