La multiplication d’ouvrages et d’émissions contre le développement durable et l’environnement doit être prise avec sérieux. Ce n’est pas l’apparent consensus qui doit endormir la mobilisation. Les médias n’aiment pas le consensus. Ils vont donner systématiquement autant la parole, sinon plus, à ceux qui remettent en cause les évidences.
Bien entendu les chiffres sur la dégradation de l’environnement et les changements climatiques sont sans appel. Mais les diagnostics des scientifiques sont souvent balayés d’un revers de main. Le positionnement révisionniste et la gouaille de Claude Allègre ont plus de succès dans les médias que la rigueur scientifique. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.
L’avocat Jean-Marc Fedida vient de publier un ouvrage « les Impasses de Grenelle », un pamphlet contre l’écologie. A cette occasion France Inter a organisé ce lundi 11 août 2008 un débat sur un thème proprement scandaleux « Devons-nous sacrifier nos libertés individuelles pour sauver la planète ? ». Comme si le problème était de cet ordre !
Cette période me rappellent les attaques de Luc Ferry, sur le thème écolo facho au début des années 1990. Son livre « le nouvel ordre écologique » établissait une identité de racines entre l’écologie et le fascisme hitlérien. A partir de cela, s’est déployée une offensive politique menée par l’équipe de François Mitterrand depuis l’Elysée, s’appuyant sur les médias, avec notamment une campagne de la revue Actuel. Arriver à trouver des relents fachos dans un mouvement pratiquant l’ultra-démocratie jusqu’à la paralysie, était tellement loin de la réalité que la réponse politique n’a pas été faite en temps utile. Relayé par une manipulation interne aux Verts cette campagne a conduit à faire partir de ce mouvement politique les environnementalistes et à ancrer ce mouvement définitivement à l’extrême gauche.
Les propos de Sylvie Brunel dans « à qui profite le développement durable ? » sont plus nuancés mais aussi plus ambigus. Elle identifie bien certains problèmes de l’environnement vu indépendamment des autres dimensions. Or c’est justement ce que le développement durable permet de dépasser. Au lieu d’expliquer comment gagner la partie d’échec qu’est la construction du développement durable dans le cadre de la mondialisation, elle renverse l’échiquier. Le lecteur en sortira sceptique, considérant qu’il n’y a rien à faire.
Qui sont les plus dangereux les révisionnistes ou les sceptiques ?