Une récente émission sur ARTE a caricaturé le débat sur l’effet de serre et les changements climatiques, en prenant pour argent contant les thèses révisionnistes du Danois Bjorn Lomborg. Son livre « l’Écologiste sceptique », publié en 2001, qui remettait notamment en cause la gravité du réchauffement climatique, a été contesté par une abondante littérature scientifique et associative.
Mettre sur un même plan les « pour » et les « contre » pour donner une apparence d’objectivité n’est pas faire de l’information. Pourquoi ne pas organiser un débat entre les partisans de la terre « ronde » face aux partisans de la terre « plate » ? Pourquoi ne pas mettre sur le même plan les partisans de la théorie de l’évolution et ceux qui prônent la thèse de la création (en sept jours selon la Bible) comme le réclament certains mouvements américains ? Rappelons-nous que les élucubrations raéliennes ont été lancées après que son gourou ait été invité dans une émission de télévision.
A moment où la télévision fait passer un repris de justice pour un milliardaire, et mélange amour et comédie on s’attend à mieux de la chaîne ARTE supposée sérieuse.
Les changements climatiques ne sont plus aujourd’hui contestés sérieusement. Au sein de la communauté scientifique réunie dans le Groupe Intergouvernemental sur les Changements Climatiques (GIEC) les scénarios convergent de plus en plus et dans le sens du pessimisme.
Pour stabiliser la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère il faut rejeter deux fois moins de gaz à effet de serre qu’aujourd’hui. Il faut donc faire moins 50 %, le protocole de Kyoto n’est alors qu’une étape car il ne prévoit qu’une diminution de – 5%.
La stratégie française de développement durable que le gouvernement vient d’arrêter est claire sur ce point : « pour limiter le réchauffement quelques degrés, il nous faut diviser les émissions mondiales de gaz à effet de serre par deux d’ici 2050, ce qui, en tenant compte des différences de développement, implique pour les pays industrialisés une division par quatre ou cinq. »
La route est donc encore longue. Comme il reste beaucoup d’incertitudes, il faut commencer par ce qui est sans regrets, c’est-à-dire ce qui permet de préparer l’avenir tout en effectuant tout ce qui est dès maintenant rentable ou qui apporte d’autres bénéfices (sur la santé par exemple). Diminuer notre dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, notamment dans les transports, en limitant les besoins de mobilité par un meilleur aménagement du territoire, ne peut qu’être positif. Il reste bien entendu de nombreux débats comme sur le nucléaire. Dans une économie mondialisée les solutions devront être mondiales, ce qui handicape lourdement le nucléaire, en plus des déchets, ce sont des raisons de sécurité et de prolifération de l’armement nucléaire.
Les solutions appellent innovation, développement technologique, nouvelles organisations sociales ou des marchés.. tous éléments positifs. Réservons donc les débat à cela, et n’égarons pas l’opinion publique pour simplement faire de l’audimat.
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