Le développement durable répond à des urgences environnementales qui sont maintenant largement partagées. Pour ne prendre que la lutte contre l’effet de serre il est nécessaire de diminuer par 2 les émissions mondiales et par 4 les émissions des pays industrialisés. L’objectif est d’atteindre ces réductions en 2050 soit une décroissance de 3% annuelle. Quand on sait que les secteurs transport ou habitat ont augmenté leurs émissions de 1,6% sur les 20 dernières années, on mesure le changement nécessaire. Mais le problème est « systémique » car certaines solutions, comme les biocarburants de première génération, ont des effets néfastes sur le cours des céréales, du fait de compétition sur les sols agricoles. La boulimie de circuler des riches ne peut pas se faire au détriment de l’alimentation des pauvres.
Il s’agit donc de modifier assez profondément les modes de consommations et de production, et la façon d’envisager le progrès économique et social. Ce changement ne peut être piloté par la seule réglementation pour deux raisons. La première est qu’il faut un engagement profond du comportement de chacun des acteurs ce qui incompatible avec des approches réglementation/sanction, la seconde est que ce changement doit être négocié au niveau mondial où l’on ne dispose pas d’institutions pouvant exercer cette contrainte au-delà de la souveraineté nationale.
La responsabilité sociétale des organisations est donc la façon de contribuer au développement durable global.
C’est dans ce contexte que de nouvelles formes de régulations émergent sur la base de quelques principes généraux :
1. Des principes universels (droits de l’homme environnement…) que chacun s’engage à appliquer
2. Une volonté partagée : l’opinion publique et les milieux scientifiques mettent la pression sur les gouvernants et les entreprises, et de façon croissante les consommateurs.
3. Des processus communs pour approcher les problèmes de façon cohérente et être à même d’organiser les relations entre les différents acteurs qui doivent concourir à ce changement
4. Une confiance dans la capacité des acteurs à appliquer ces principes et engagements et à coopérer
5. Des systèmes d’information, une capacité redditionnelle (le terme anglais de accountability n’a pas d’équivalent parfait en français) conduisant chaque organisation à répondre à cette interrogation des parties prenantes et propres à éviter le comportement de passager clandestin pour garantir la conformité du faire avec le dire. Des certifications ou assurances sur les informations, et dans des cas précis des performances, se mettent en place.
L’architecture des outils correspond à différents de ces objectifs. La GRI dont la version 3 vient d’être traduite en français, et la loi NRE en France correspond au point 5. L’ISO 26000 est plus orienté vers le point 3 sans aller vers la certification (5), comme d’ailleurs le SD 21000 en France. Le Global compact est orienté vers des dynamiques de progrès dans la mis en œuvre des principes internationaux (point 1). La confusion apparente actuelle tient à ce que ces différents processus se déroulent dans des réseaux différents qui aspirent chacun à être « universel ». Les cloisonnements administratifs (ONU, Union européenne, et niveaux nationaux) rendent difficiles de gérer en même temps les questions environnementales, sociales et économiques. C’est donc un processus complexe chaotique qui préside à ces constructions. Il ne doit pas susciter l’attentisme : quand ils seront d’accord je m’engagerai !
Chaque entreprise doit au contraire s’engager pour identifier ses enjeux et maîtriser une véritable stratégie de développement durable et être placé dans un monde qui change profondément, mais dans lequel il y aura des gagnants et des perdants. Jouer le développement durable et la RSE c’est jouer gagnant… Mais ce n’est pas un jeu.