Disparition de Jean-Claude Lefeuvre

Je suis très peiné de la disparition de Jean-Claude. Je le savais malade, je n’ai pas pu le joindre récemment.

Bien entendu je me souviens de sa gentillesse et de sa convivialité.


Je l’ai côtoyé notamment dans la commission Coppens où il faisait partie des « 4 mousquetaires pro-environnement » avec Dominique Bourg, Bernard Rousseau, alors président de France Nature Environnement et moi-même. Nous avons formé le noyau dur en face de membres particulièrement opposés. La question de la biodiversité avait fait l’objet au sein de la commission d’une opposition acharnée de Christiane Lambert, celle qui allait devenir la présidente de la FNSEA. Charles Pilet de l’académie de médecine s’opposait à ce que le lien soit établi entre santé et environnement. François Ewald qui représentait les assureurs s’opposait au principe de précaution.
Les membres de la commission Coppens pour la Charte de l’Environnement sont conviés à l’Elysée le 23 avril 2003 pour présenter leurs travaux et propositions au président Jacques Chirac et lui permettre d’arbitrer dans la controverse. Le président a arbitré positivement pour l’environnement, la santé et le principe de précaution à la suite de nos interventions.
Jean-Claude Lefeuvre, avait pris la parole devant le président Chirac pour démonter l’opposition économie et écologie, et valoriser les services issus des écosystèmes. Pour cela il s’était appuyé sur les travaux qu’il avait menés dans la baie du Mont Saint-Michel démontrant que la valeur économique des marais était supérieure à celle des présalés.
Maintenant qu’il nous a quitté il est important de rappeler les résultats de ses études, publiées dans un ouvrage en 2000, portant sur la zone estuarienne de la baie du Mont Saint-Michel où des prés salés ont remplacé en partie des marais naturels. Pâturés par des moutons ces prés ont permis de rendre économiquement productifs des espaces qui apparaissaient ne pas l’être. Ces moutons de prés salés du Mont Saint-Michel font l’objet d’une Appellation d’Origine Protégée (AOP) et les éleveurs se prévalent de protéger la biodiversité.
Jean Claude Lefeuvre a montré sur le plan écologique que la productivité biologique des marais était de 20 à 40t/ha de matière sèche, c’est-à-dire une productivité bien supérieure à celle des prés pâturés qui ne produisent que 5 tonnes/ha.
Le flux de biomasse issu des marais côtiers est essentiel à la productivité secondaire des milieux estuariens nourrissant mollusques, crevettes, poissons, oiseaux… qui présentent eux aussi un intérêt économique, sans doute supérieur à celui de la viande de mouton.
Aujourd’hui la production de la baie dépend de ces apports : 10.000 tonnes de moules, 4.000 tonnes d’huitres, 800 tonnes de buccins, 400 tonnes de seiches, 20 tonnes de calmars, 150 tonnes de coques, 120 tonnes de praires, 60 tonnes de crevettes et 150 tonnes de poissons.
https://www.brodhag.org/deux-baies/

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